From — Dalzan de la Pierre (unpublished)
De florac le 23e Xbre 1784.
Monsieur

Comme je pensais que votre Etat ne vous permettait pas de Repondre par voye directe aux lettres dont J’ai pris la liberté de vous importuner, je pris le parti d’Employer un intermediaire dont la prudence et la discretion me mit a même d’apprendre votre façon de penser sur le contenu de mes lettres; cependant je n’en ai Reçu aucune Reponse, quoiqu’il me l’eut promise par deux fois, des quil se la serait procurée. Dans le doutte que cella me donne si ma derniere lettre vous est parvenue, Je prens la liberté de vous en mettre ci joint une coppie. Je desirerois sçâvoir, surtout dans la circonstance actuelle, si je pourrais obtenir une Reponse, parce qu’un seigneur d’une Très illustre naissance dont je suis particulierement connu doit se Rendre dans les Etats-unis ou il va joindre M. le marquis de la fayette, et j’y passerais avec lui si j’avais un avis venant de votre part qui fut propre a m’y engager. En consequence, Monsieur, je vous serais obligé, si Toutes fois vous croyez pouvoir le faire mais non autrement, de faire part de votre avis a mon Egard a la personne qui a eté employée pour le Recevoir, et pour me le faire Transmettre par la voye intermediaire a laquelle je me suis adressée. Je fais Toujours des voeux pour la conservation de votre personne, et je les joins aux sentiments du profond Respect avec lequel je suis Très parfaitement Monsieur Votre Tres humble et Très obeissabt serviteur

Dalzan Delapierre

p.s. Je viens de voir dans une Gazette, celle d’avignon, un article qui commence par dire, que la Tolerance du christianisme adoptée par les princes les plus Eclairés de l’Europe, s’etend au dela des mers, et ajoutte “qu’on dit que les Etats-unis de l’amerique cedant aux voeux d’un Grand nombre de Catholiques Etablis dans ces Etats, ont sûpplié le pape de vouloir Bien leur Envoyer un vicaire apostolique, Et qu’ils presentent pour Remplir cette place un Exjesuitte francais. Etc.” Je ne sçaurais croire a ce qui Est Enoncé dans cet article Tel qu’il Est Rapporté: c’est la sans doutte un Bavardage de Gazetier. La Tolerance Est assurément une Excellente chose, mais les Etats-unis ne peuvent-ils la pratiquer sans appeller le pape a Exercer quelque Espece de pouvoir, ou d’authorité, au sujet de certaine partie des peuples qu’ils gouvernent, Et dans le pays de leur souverainetté: sans y laisser prendre des droits quelconques a un souverain Etranger: voudraient-ils permettre a des sujets de l’Etat, a des pasteurs Etablis pour l’instruction Religieuse des peuples Et qui ont sur Eux l’ascendant le plus fort, celui qui resulte de la prevention Religieuse, de Reconnaitre l’authorité [de] ce souverain Etranger, Et de Tenir leur Etat de lui? Ce     ce serait me semble une Bien grande fautte contre la     politique.
Addressed: A Monsieur / Monsieur Le Docteur franklin / ministre chargé des affaires des / Etats-unis de l’amerique auprès de / la cour de france, dans son hôtel / A paris
Endorsed: D’alzan de la Pierre 23 Xbre. 1784
641848 = 042-u524.html