From — de Rayber (unpublished)
Nantes ce 3. Mars 1780.
Monsieur,

Vous avez bien voulu porter quelqu’attention à ma lettre du mois de Janvier dernier touchant mes affaires avec le Commodore Guillon, j’ay l’honneur de mettre sous vos yeux un mémoire que la vérité m’a dicté, et que la dure situation que j’eprouve me force de faire paraitre. J’ay cherché à instruire votre Equité, et vous pourez aisement statuer sur ma plainte et me rendre la Justice qui m’est dü. Vous reconnaitrez qu’abusé par des promesses, des assurances les plus positives, J’ay gemi pendant près de huit mois dans la misere la plus complette, que plein de la plus sincere confiance j’ay refusé deux armements qui dans cette circonstance m’auraint procuré une espece de fortune. Je ne devois pas attendre qu’une conduite malhonnete termina les assurances que j’avais reçu d’un chef qui se deshonore en me rendant victime de ma bonne foy et de mes intentions. J’ose esperer que vous voudrez bien envisager ma situation. Je suis dans la derniere peine, ayant été obligé de me défaire de mes hardes pour ma Subsistance, je suis dans l’impossibilité de paraitre et solliciter de l’emploi. Par ma lettre du mois de Janvier dernier, J’ay détaillé ma situation au Commodore actuellement à Amsterdam, je luy ay fait connaitre que ses Procedés à mon Egard me forceraint de me plaindre et de recourir à votre Justice, je n’en ay reçu aucune reponse, le sieur Robeson ne luy a point caché l’indecence qu’il voiait Dans une conduite si peu digne d’un officier superieur, il n’a pas été plus satisfait que moy, enfin il m’a conseillé de me plaindre à vous d’interceder même la Justice de nos tribunaux, si le Commodore ne voulait se rendre à ce que vous luy enjoindriez à mon sujet. J’ay donc l’honneur de recourir à votre Equité, et vous supplie d’etre mon Juge. Croiez Monsieur, que ma peine est extrême, que je me vois hors d’Etat de pouvoir jamais completement reparer les torts que [le] Commodore m’a causé. J’ose esperer que vous voudres bien statuer aussitot sur [ma] plainte, votre sagesse ordinaire me fait esperer une prompte et bonne Justice.

J’ay l’honneur d’etre avec un profond Respect, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur

de Rayber
Capitaine d’infanterie chez le sieur
mabize Ruë des Chapeliers
Je vous supplie de vouloir bien prononcer aussitot sur cette affaire, etant dans le dernier besoin de secours ainsi que j’ay eu l’honneur de vous l’observer.
Endorsed: Rayber
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