From Benjamin Franklin: Remarks on Balloons and New-born Babe (unpublished)

Quoi qu’il en soit, le globe aérostatique construit par MM. Robert s’est élevé majestueusement du Champ-de-Mars, le 27 de ce mois, à cinq heures précises, aux yeux de tout Paris. Le jour de l’expérience avait été indiqué quelques jours d’avance; jamais revue du roi n’avait attiré une plus grande affluence de monde de tout état et de toute condition. Le globe avait environ douze pieds de diamètre. On n’a pas été d’accord sur le hauteur à laquelle il s’était élevé, la circonstance du mauvais temps en a rendu l’appréciation difficile; mais son petit volume apparent a fait juger qu’elle devait être considérable; il a disparu entièrement au bout de quelques minutes. Nos voeux et notre admiration auraient voulu le porter jusqu’aux extrémités de l’univers; il a trompé notre attente; au lieu d’aller étonner les rivages lointains de son auguste présence, il a borné modestement sa course à Gonesse, village situé à quatre lieues de Paris, et il y a fait grand’peur aux paysans qui l’ont vu s’abattre dans un champs où ils étaient occupés à travailler.

On ne sera point surpris que, trois jours après, tout Paris ait été inondé de gravures représentant et le départ du globe et son arrivée.

Beaucoup de gens qui se piquent de rester froids au milieu de l’enthousiasme public n’ont pas manqué de répéter: “Mais quelle utilité retirera-t-on de ces expériences? A qui bon cette découverte dont on fait tant de bruit?” Le vénérable Franklin leur répond avec sa simplicité accoutumée: “Eh! à quoi bon l’enfant qui vient de naître?” En effet, cet enfant peut mourir au berceau, peut-être ne sera-t-il qu’un imbécile, mais peut-être aussi le verra-t-on quelque jour pour la gloire de son pays, la lumière de son siècle, le bienfaiteur de l’humanité.

640165 = 040-u254.html