From Laurent Councler (unpublished)
Marseille le 19 Février 1783.
Monsieur

Depuis environ deux mois, prévoyant l’Indépendance des Ameriquains, j’avais souhaité avec Ardeur d’etre revétu dans cette Ville de la Place honnorable de Consul des Etats unis. Mais la Guerre qui semblait allumée pour longtems m’empécha d’y songer, et de m’en occuper sérieusement: j’appris méme par Mr. Grand Banquier de votre ville, qui doit avoir eu l’honneur de consulter ladessus Votre Excellence, qu’il n’etait pas Tems alors d’y penser; et que seulement à la Paix ces Choses seraient mises en ordre.

Cette heureuse Paix étant prette à venir, et les Arrangements qui vont etre pris, étant des plus avantageux à l’Amérique unie, permettés moi, en en félicitant votre Excéllence, de lui faire part sans détour d’un de mes plus vifs desirs. Je suppose que votre Pays établira des Consuls dans tous les Ports principaux de ses Alliés en Europe. Marseille ne sera pas celui qui offrira le moins d’avantages à votre Pavillon. Si entr’autres Qualités que devront posséder ceux que vous nommerés à ces Places, ils doivent etre de la Religion protestante; jouir d’une éxcéllente Réputation, d’un entier Crédit, et etre familiers avec la Langue anglaise, j’ose me flater que Votre Excellence sera portée à entrer dans mes Vues.

Je me suis entretenu de cette Affaire, avec Mons. Van de Perre, qui a bien voulu s’intérésser à Moi; me juger favorablement: et c’est sous ses Auspices, que j’ose adresser la Présente à Votre Excellence. Si je n’ay pas le Bonheur de le remercier ainsi que votre Excellence un jour de la Réussite de mon Projet, ma Reconnaissance n’en sera pas moins sincére, pour l’honneur qu’il me procure en me donnant accés auprés de Vous.

Il y a deux Mois que j’avais entretenu de cette affaire, Monsr. De jaucourt; Je ne sai s’il en a communiqué quelque Chose à Votre Excellence. J’avais aussi grande Envie d’en faire part à Monsr. Mat. Ridley, avec lequel ma Maison est en Correspondance. Je suspends désormais toute Démarche, pour m’en tenir à la Protection de votre Excellence; et à ce qu’Elle voudra bien faire pour moi. J’ay l’honneur d’etre avec le plus profond Respect de votre Excéllence Le trés humble et trés obeissant serviteur

Laurt. Councler
associé de la Maison Councler Rigot et
sollicoffre
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