— Meurier de St. Iver to ——— (unpublished)
Monsieur

Votre humanité, la bonté de votre coeur et votre qualité de Pasteur m’enhardissent à vous prier d’accorder votre protection à deux infortunés, dont le sort se trouve lié, par de malheureuses circonstances, dans un procès criminel. M. Schaffer anglo-américain qui partage avec moi cette malheureuse liaison est très connu de M. francklin, son ambassadeur, mais ce Jeune homme, entrainé par le tourbillon de la Capitale, s’est eloigné de cet homme respectable qui n’ayant plus vu en lui qu’un Etourdy n’a pas voulu s’en mêler depuis le moment de notre detention. Son refus de réclamation nous a été funeste et malgré mes protections l’on a confondu l’innocent avec le coupable. Nous avons été jugés samedy; nous ignorons notre Jugement, mais nous sommes assurés que le Procureur du Roy en a appellé, en sorte que nous voila traduits auPalais. Dans cette malheureuse position nous nous adressons à vous, Monsieur pour vous suplier de voir cet homme Respectable et de l’engager, s’il ne veut pas solliciter un Jugement favorable pour nous, d’obtenir de M. Amelot un ordre du Roy pour nous faire conduire tous deux en amerique chez M. Schaffer et nous soustraire par ce moyen au deshonneur qui resultera necessairement d’une pareille Liaison. Je présume que M. franklin ne peut se refuser à cette demande pour un enfant de sa patrie, si ce n’est pour lui ce doit être pour sa famille qui est respectable et qui tient un rang honorable en Amerique, son frere est même Membre du Congrès; quant à moi qui ne peut avoir de droits aux bontés de M. franklin, c’est des votres, Monsieur, que j’espère obtenit qu’il demande cet ordre pour deux, attendu que c’est en partie M. Schaffer qui est cause que je suis lié avec ce malheureux qui nous entraine dans le précipice.

Si j’avois été instruit plutot par la personne qui vous porte ma Lettre que vous aviés deja eu la bonté de voir M? franklin, je n’aurois pas négligé de reclamer plutot votre protection qui certainement nous auroit obtenu la justice que nous avions lieu d’espérer.

Je fais cette Lettre tant au nom de M. Schaffer qu’au mien attendu qu’il peut difficilement s’expliquer en francois.

Nous esperons; Monsieur, que vous voudres bien nous accorder la grace que nous implorons. Nous sommes assurés du succès, si vous employés pour nous le credit que vous donnenr vos vertus et vos qualités respectables, qui vous rendent recommandable à tous egards à tous ceux qui vous connoissent.

Nous sommes avec un profond respect Monsieur Vos tres humbles et très obeissants serviteurs

Meunier De saint yver

640328 = 040-u417.html