Je demande pardon à Votre Excellence de la liberté que je prens de l’importuner par la presente au sujet des Propositions que m’a fait ici Monsieur d’ Wolffen beau frere du Major Sonneman demeurant en cette ville, qui se dit Chef d’un Corps de Dragons au service des Provinces unies de L’Amerique septentrionale, dans lequel il lui manquoit plusieurs officiers, et me connoissant depuis longtems pour un homme de longs services, d’experience, d’une constitution de santé robuste et capable de rendre de bons services, et sachant que malgré mon Zèle pour le service militaire j’étois devenu inutile à l’Etat des Provinces unies des Païs bas depuis la Reduction et L’incorporation que cet Etat a fait dans ses Troupes en 1752, en mettant quantité d’officiers a Pension qui avoient le rang d’ancienneté avant moi, le dit Monsieur d’Wolffen me solicite d’entrer au service de votre Republique en Amerique, où mon fils ainé sert déja en qualité de Lieutenant, il m’offrit une Compagnie dans le susdit Corps de Dragons, et pour plus de Sureté pour moi il se chargea de supplier Votre Excellence de daigner approuver et d’autoriser ses offres en me faisant toucher ici à Venlo un Acte de Capitaine avec trois mois de Gages en avance pour faire mon Equipage de voÿage afin de pouvoir partir avec lui pour l’Amerique dans quelque Vaisseau de sureté, disant qu’il avoit eu le malheur d’etre blessé, fait prisonnier de guerre et conduit en Angleterre d’où il avoit échapé aux Anglois et passé en France où il étoit gueri de ses blessures, et qu’il etoit actuellement en chemin pour retourner en Amerique, qu’il avoit passé par cette ville pour voir Son beau frere et sa soeur Sonneman et pour tâcher en meme tems d’engager quelques bons officiers de ses anciennes connoissances d’entrer au service de l’Amerique. J’ai enfin accepté les susdites Conditions et Monsieur d’Wolffen a mis une lettre à la Poste en ma presence le [ ] (?) de ce mois sous l’adresse de Votre Excellence pour la supplier d’approuver les conditions qu’elle renfermoit et de m’envoÿer ici sous mon Nom Herman Esser un Acte de Capitaine avec trois mois de Gages en avance et il est parti d’ici le 13e de ce mois pour la Haÿe où je dois le joindre après avoir reçu une reponse favorable de Votre Excellence. Mais comme la dite lettre peut être egarée ou avoir rencontré quelqu’autre retardement, je prends la liberté de reiterer à Votre Excellence les offres de mes services aux Conditions Susdites; si elles ont le bonheur de meriter l’honneur de Son approbation et qu’elle daigne avoir la bonté de me donner de l’Emploi, j’ose la supplier d’etre persuadée qu’elle n’aura point sujet de s’en repentir mais que j’exécuterai pointuellement ses ordres en honnête homme et je me disposerai de partir pour l’Amerique aussitot qu’il sera possible avec mon fils Cadet agé de 14 ans, et mon second fils, qui sert dans les Troupes de cette Republique en qualité de Cadet, ne balancera point à me suivre afin d’etre avec moi et son frere ainé qui est deja en Amerique.

Je suis élevé dans le militaire, j’ai servi comme Cadet dans la Cavallerie de cet Etat jusqu’en 1746 et comme Cornette jusqu’en 1752 à la reduction et l’[incorpo]ration dans les Troupes de la Republique, que j’ai été mis à Pension avec bien d’autres officiers qui avoient le rang avant moi, et depuis ce tems là j’ai fait les fonctions d’Ecuïer et d’ajudant dans la Cavallerie pendant quelque tems, ensuite j’ai servi comme Capitaine Commandant dans le Corps du Colonel Ren[ ] a été reduit apres la Guerre, et ensuite encore comme Capitaine Commandant dans un Corps de Houzards Prussien qui a aussi été reduit apres la d[ ] Guerre de l’allemagne, depuis ce tems là je me trouve encore officier Pen[sionnaire?] de l’Etat dans la 50e année de mon âge à passer ma vie inutilement dans l’oisiveté tres malgré moi. Je supplie votre Excellence de me donner de l’Emploÿ et d’etre persuadée que je suis avec une tres parfaite Consideration, Monsieur, de Votre Excellence le tres humble et tres obeïssant serviteur