J’ai l’honneur de vous adresser cy joint une lettre pour Monsieur Blodget, je vous demande mille pardons de la facon peu cérémonieuse avec laquelle j’en use vis a vis de vous, mettez moi a même de prendre ma revanche a paris en m’envoÿant quelques billets doux pour quelque belle. Mais la circonstance n’est pas heureuse pour moi, l’amour croise a passy et intercepte tous les paquebots ainsi que les pensées, je ne vous en fais un crime que parceque l’interêt personel me fait sentir la perte que je fais en étant privé du plaisir de vous voir.

Ressouvenés vous de moi dans vos depits amoureux, et rappellés vous que j’ai un remede excellent pour les Blessures de l’amour.

Si dans une lettre qui ne parle que d’une passion aussi vive, j’osois y traiter de l’amitié, je vous parlerois d’un frere que j’aime tendrement, qui est peut être encor au moment que je vous écris en amérique, victime de son attachement a un officier de mérite, et dont il n’a jamais partagé les torts s’il en a eu vis avis de votre paÿs.

Je vous demande en grace (ce que je ne ferois jamais pour moi) de le recommander a son excellence, et de l’engager a écrire en sa faveur au congrès, dans des termes conditionels, c’est a dire en supposant toutes fois quil a mérité et quil est digne de la recommandation dont on l’honore, vous me dirés, mais s’il mérite, je dois penser que le congrès n’a pas besoin qu’on lui recommande de rendre justice, vous avés trop d’esprit et de franchise pour me ~y2 faire cette réponse, vous scavés que dans tous les paÿs du monde le mérite ne suffit pas, et qu’ici même avec tous les droits possibles pour obtenir on n’a rien.

Je suis avec toute lestime et lamitie possible, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur