From Chevalier de Richiofftz (unpublished)
A l’Ecole de douai ce 1e de juin 1777
Monsieur,

J’ose prendre la liberté de me rappeller dans votre souvenir n’ayant point eu de réponse a la lettre que j’ay eu l’honneur de vous ecrire le cinq du mois dernier dans laquelle je vous exposais la triste situation ou je me trouve il n’est rien de plus cruel pour un jeune homme bien né de manquer d’Etat et de fortune cependant je suis dans ce cas là. Tirez moi de cette angoisse je n’ai pas meritté ce malheur. Sept ans de travail assidu pour le corps royal auquel j’etais destine ainsi que cinq freres depuis 1768 nous laissent au même point ou nous avons commencé. Jettez par pitié un regard favorable sur la demande que vous fait un malheureux, qui avoue sa position avec la franchise dont un français est capable envers une personne bienfaisante. Je desire passer a bosthon avec le grade de capitaine et deux milles-quatre-cents livres d’appointemens et en sus de quoi faire le trajet n’ayant point de fonds pour cela considerez quelle peine c’est pour un pere peu favorisé de la fortune qui sert toujours avec distinction et qui [a] sept garçons sur les bras, de n’en avoir qu’un de place. Mon pere est chef de brigade au corps royal de l’artillerie et mon frere ainé est sous-lieutenant au régiment de normandie infanterie et nous sommes encore six freres sans employs et n’ayant aucun debouché j’ay vingt deux ans et nous nous suivons d’annees en années. Si vous agreez ma proposition je suis pret a partir et a vous donner toutes les certitudes que vous pouvez exiger soit sur ma conduite ou mes faibles talents qui sont ceux que mon âge peut permettre a celui a qui son tems est précieux. Depuis le regne de françois premier epoque a laquelle Erik de richoufftz est passé de l’almagne en france avec le duc de Rapostein son oncle on a rien eu a reprocher a ma famille qui a presque toute etée dans le service et je crois n’avoir pas degeneré mandez moi je vous en suplie ce que je dois attendre de vos bontés. Si vous m’etes favorable vous n’obligerez pas un ingrat. J’ose même vous assurer que vous vous louerez de mon zèle a chercher les occasions de vous témoigner la reconnaissance dont je suis capable en me comportant de maniere a meritter de plus en plus vôtre bienveillance qui me sera toujours infiniment precieuse c’est dans ces sentiments que jay l’honneur d’être avec le plus profond respect, Monsieur, Votre tres humble tres obeissant serviteur

le chavelier de Richoufftz

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