Benjamin Franklin Bache to Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Philadelphie ce 6 Avril 92

Vous ne m’oubliez pas, a ce qui paroit, Mon cher Monsieur, dans votre lettre a Madame Bache, de Decembre dernier, et moi je me souviendrai toujours de vous—et des bontés que vous avez eu pour moi, et de ce que je dois a toute la famille Viellard.

Je ne vous écris pas vous dites. Savez vous comment je suis situé—Conducteur d’un grand, grand (je ne parle que de ses dimensions mathematiques) papier—de tous les jours—hormis Dimanche, qui n’est pas jour chez nous, j’ai sans cesse affaires qui me tiennent au grand gallop. Attendre lettres de moi, c’est comme attendre lettres d’un voyageur en routte, secoué dans un coche, sur chemin pavé.

Mais la bonne nouvelle, cependant, il faut que vous la sachiez, je ne suis plus le petit Benjamin, je suis le gros Benjamin barbu, et ce qui est pis—marrié—Oui a 22—Quoi marrié oui bien marrié—bien la, ce qu’on appelle ce que j’appelle bien, c’est a dire a mon gout—oui et au gout de mes amis aussi. Si vous la connoissiez vous l’aimeriez bien, vous l’aimerez, je le sais, sans la connoitre.

Je vous envoye qu’elles de mes papiers et ce qui vous fera plus plaisir quelques exemplaires d’un Eloge du Grand homme. Vous le regrettez encore—Et moi, il me manque.

Bien des choses aux amis, et placez moi au rang des votres

Benjn. Franklin Bache

Mr. Le Viellard
644623 = 046-u434.html