From Cohin & Coinge (unpublished)
a Bellesme au perche ce 22 9bre 1782
Monsieur,

L’un des vostres a abusé d’un titre infiniment Respectable pour nous tromper, son air La Reputation de franchise et de Loyauté dont Jouissent Les ameriquains, La Destination des marchandises quil nous demandoit tout devoit nous en imposer.

Monsieur P. Penet agent général du Commerce de L’Etat de virginie, en france connu pour tel Logé a nantes isle faidauf (?), a Paris Rue notre dame des victoires No 7. s’est presenté le mardy 30 avril Dernier chez nous quil a sçu estre en Liason d’affaires avec Le Correspondant du Commissaire général aux transports de Lartillerie et effets militaires, ayant une Recommandation dun negotiant du mans acompagné d’une personne en apparence aussy honeste et plus agé que Luy nous a demandé des Echantillons de toilles dont il se proposoit de faire passer des quantités Considerables aux Etats de virginie quil Representoit, apres avoir examiné notre magazin il a fait Choix dune quantité de pieces pour Luy servir d’Echantillons et nous Luy avons Le 15 may Dernier suivant Ladresse quil nous a Laissé de sa main, et ses intentions expedié a nantes 43 pieces toilles en neuf Balles No. 1 à 9. marquées P. P. dont la facture montante a 4445 l.t. a eté expediée en meme temps a paris a son adresse et par Duplicata a nantes.

Pour mieux nous abuser Mr Penet nous a prevenus quil alloit en flandres achepter des Chemises pour L’amerique que Ce voiage demandoit quelque temp qu’il ne pourroit accusser La Reception des toilles mais que sous deux mois il enverroit du papier a Deux uzances.

Les Ballots ont eté envoyés et sont arrivés à Leur destination a nantes nous avons ecrit plusieurs foy a L’Expiration du terme La premiere Reponse que nous ayons Recue a eté une Lettre anonime que nous presumons estre d’un Commis parvenue au Bout de quatre mois dans Laquelle il annonce La Banqueroute Complette et froduleuse de M. P. Penet Son Evasion depuis trois mois, et que Messieurs D’acosta freres negotiants a nantes pouvaient estre Chargés de L’arrengement de ses affaires. Nous avons Ecrit a Ces Messieurs qui nous ont repondu que s’etant transportés a La maison de Mr Penet ils avaint ete fort surpris d’apprendre que La vente avoit ete faitte chez Luy, quil y avoit tout a perdre, quil ne nous Conseilloit pas de faire la moindre poursuitte.

En traitant avec Mr Penet que nous ne Connoissions que par son titre nous avons cru avoir pour garant Les Etats de virginie sur la salvabilité desquels nous devions compter, notre presomption etoit d’autant mieux fondée que Les marchandises dont il nous demandoit des Echantillons avaient pour destination sa patrie du nom de Laquelle il etoit authorisé a se servir, nous nous sommes dit: puisque Mr Penet en est L’agent elle devient notre debitrice des que nous faisons affaire avec Luy.

Nous nous adressons a vostre Exellence, comme Representant en france Les Etats unis de L’amerique libre dont vous estes si dignes Pour vous suplier de nous procurer le payement des marchandises Expediées au nom d’un des Etats que vous Representez, nous avons dans vostre justice et vostre delicatesse Connues de tout l’univers La Confiance quelle merite nous nous flattons que nostre Reclamation aupres de vous sera Bien accueillie.

Nous sommes avec le plus profond Respect de vostre Excellence, Monsieur, Les tres humbles et tres obeissants Serviteurs

Cohin et Coinge

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