Louis-Guillaume Le Veillard to William Temple Franklin (unpublished)
Passy 21 aoust 1786

J’ay recu mon cher amy vostre lettre du 6 juin dernier et je vous remercie des details politiques que vous me donnez, ce qui vous regarde m’aflige beaucoup puisqu’il recule le temps ou j’esperois avoir le tres grand plaisir de vous revoir; vous avez tort de croire que vos commissions me fatiguent, au contraire j’ay un plaisir tres vif a m’occuper de ce qui peut vous faire plaisir, le seul desagrement que j’éprouve e[s]t de rencontrer souvent a leur égard des contradictions de maniere qu’avéc tout le soin et la vigilance possibles elles sont souvent faites de travers; je ne sais, par éxemple, si vous aurez vos chevreuils le mois prochain, Mr. Le Roy les veille ils sont a la menagerie du Roy, mais il est deja arrivé accident a un ou deux des nouveaux, il faut que Mr. Ruellon ait une occasion au havre, quil m’en avertisse a temps pour que j’aye celuy de les faire parvenir, et c’est un hazard tres heureux et rare de faire quadrer toutes ces circonstances, j’ay fait beaucoup de recherches pour vous avoir un garçon menuisier ou jardinier, deux seuls auroient ete convenables, s’étoient engagés, mais leurs camarades les ont fait dedire; il y a peu de dispositions a voyager dans les esprits français et le temps qui reste est bien court pour éspérer d’en trouver d’autres.

Il est arrivé un accident a un tres gros pacquet de lettres que j’ay addressé a vostre grand papa vers la fin de juin; il en contenoit pour luy une de moy, plusieurs de la maison Brillon et une du duc de la rochefoucauld; il y avoit un pacquet pour vous composé d’une de moy et de deux autres; Mr. Ruellon m’écrit du havre qu’il a un navire pret a partir pour philadelphie, en consequence je luy addresse le dit pacquet et Mr. Brillon le fait contresigner avéc l’addresse a Mr. Ruellon, deux jours après il etoit encore en route que celuy cy m’écrit que le navire a une autre destination et qu’il ne peut pas se charger de mes commissions, je luy mande de me renvoyer mon pacquet, il me répond qu’il ne l’a point recu, il me l’a répété encor trois semaines après; on a fait toutes les recherches possibles a la poste sans pouvoir le retrouver, peut etre la ton fait partir par le Pacquebot, s’il vous parvient je vous prie de m’en donner des nouvelles.

Mr. Williams est deja venu deux fois pour le payement de ses arbres, comme nos conditions sont qu’il n’aura lieu que lorsque vous me donnerez avis de leur reception je lai remis a cette époque, vous ne m’en parlez point encor au 6 juin, il seront arrivés beaucoup trop tard, il a mal fait de vous les envoyer, il seront gatés et il repondoit du contraire, vous estes le maistre de prendre a cet égard le parti que vous voudrez.

Vostre pays ne produisant point de bois de mahogoner, vous ne l’avez que de la seconde main et il ne marriveroit par conséquent que de la troisieme et tres cher, ainsi mon amy j’y renonce, cette commission la n’avoit pas le sens commun.

Je vous envoyois par le Pacquet perdu un catalogue des livres de cellot [?] qui a succedé a Mr. Jombert pour que vous marquassiez dessus les livres d’architecture que vous desiriez je vais vous marquer ceux qui pourroient peut estre vous convenir afin que vous puissiez me designer decidement vostre choix. Architecture moderne ou l’art de bien batir par jombert 2 V. in 4º 150 planches 42 l.t. Suite du même de la decoration exterieure etc. par blondel 2 V. in 4º, 150 planches 42 l.t. Art de batir les maisons de campagne etc. par briseux 2 V. in 4º grand papier 260 pl. 45 l.t. Dictionnaire d’archit. par d’aviler in 4º 16 l.t. Cours d’arch. Blondel 5 V. 8º fig. 63 l.t. Dict. d’architecture civile, navale, et militaire 3 V. in 4º fig. 60 l.t.

Point de jambons: il y a pres de deux mois que Mr. L. ma mandé qu’il les avoit recus, vraisemblablement il m’écrira dans peu qu’il les a mangés.

Vous savez que nous avons perdu ce pauvre Mr. de la Motte, il continuoit ses etudes en medecine, et cherchoit en même temps une place, il avait bien mal fait de ne pas sen aller avéc vous.

Je n’ai point eu de lettre de vostre réspectable ayeul ny de Benjamin, et la derniere étoit pourtant du 6 mars, ils pensent donc a moy bien rarement, je voudrois bien que Mr. franklin écrivit a Mr. de la Rochefoucauld, je luy ai fait passer deux ou trois lettres de cet excellent homme qui vous est tres attaché.

Madame de Chaumont a ete tres sensible a vostre souvenir, elle est toujours dans le même etat ou vous l’avez vue, elle m’a bien recommandé de vous parler d’elle et de vous dire qu’elle avait une affection particuliere pour vous qu’elle a tres bien motivé. Rapellez moy au souvenir de son fils et de Mr. Williams. Que font ils tous deux, ou en sont les affaires du premier et que devient le dernier?

Vous savez combien madame le Veillard et ma fille vous aimaient, elles me chargent de vous dire que c’est et que ce sera toujours la même chose; il y a souvent un article pour vous dans les lettres de mon fils et tous nos amis communs, les Brillons, Dailly, Montmarquet, Petit, filleul etc. me recommandent de vous parler d’eux.

Il me semble mon cher amy que l’affaire du papier monnoyé a bien mal tourné, nous avons appris par des nouvelles du 26 juin qu’il etoit etabli dans quatre de vos états, c’est un evenement tres facheux.

Addressed: A Monsieur Monsieur Williams Temple franklin chez monsieur franklin president du conseil exécutif de Pensylvanie a Philadelphie
Endorsed: Madame de Chaut. [sic] Paper Money
643258 = 044-u272.html