From John Schaffer (unpublished)
Monsieur

L’amour que vous avez toujours eu pour la patrie et les bontés particulieres dont vous avez daigné m’honorer ne me permettent pas de croire que vous m’abandonnerez dans la triste situation ou je me trouve plongé.

Le trente juillet le Roy m’accorda un sauf conduit vu que mes affaires avoient été regardées et étoient réellement telles que je les avois annoncées. Je me rendis sur le champ dans mon ancien Logement ou étoient tous mes effets, faubourg et rue des fossés St. Marcel Nº 5. ou je suis resté environ six semaines. Dès ce moment un particulier, noommé St. ivert tout à fait inconnu à moi se présenta pour louer un apartement dans la maison où je demeurois. Je lui cedai une partie de celui que j’occupois, attendu que je me trouvois surchargé de loyer et que toute mon intention, n’etoit et n’est encore que de menager ma foible fortune. Ce particulier s’en menagea [s’emménagea] et sois disant pour faire un commerce quelconque: mais moi qui ignorois quelles étoient les affaires du particulier, je vivois avec lui d’une maniere indifférente, ne lui demandant jamais   de son commerce: puisque cela ne me regardoit pas. Mais un certain jour, vingt cinq du mois dernier un inspecteur de police muni d’un ordre du Roy, se présenta à la maison accompagné d’une escorte, pour se saisir du Sr. St. iver. Mais qui fut bien étonné? Ce fut moi, lorsque je vis que l’inspecteur se saisit également de moi, disant que j’etois soupconné d’etre de la compagnie de St. iver. J’ignorois que le Sr. St. iver avoit emprunté mon nom pour donner surement plus de consistance à son commerce, sa plainte rendue chez le commissaire Chenon pere rue baillet porte que je suis son associé: mais moi qui n’ai jamais eu aucune liaison avec le Sr. st. iver, je suis fort surpris de son procédé, j’ai nié tout net sa déposition, et cependant le commissaire m’envoya à l’hôtel de la force ou je suis détenu prisonnier depuis ce jour.

Mais j’offre Messieurs de prouver que je n’ai jamais fait aucun commerce avec le Sr. St. iver, que je n’ai jamais contracté aucun engagement commun avec lui, qu’aucun de ses marchands n’est jamais venu de demander si j’étois son associé, si je l’eusse été, il est très certain que ne faisant que commencer un commerce, ces marchands là n’auroient rien eu de plus empressé que de me connoitre pour compagnie, c’est ce qu’ils n’ont pas fait, cela prouve évidemment que St. iver n’avoit que clandestinement emprunté mon nom. Si la société entre St. iver et moi eut été telle qu’il l’anonce, j’aurois paru dans les achats qu’il a fait, j’aurois été fort aise de voir par moi même qu’elle étoit sa conduite et sa maniere et ses connoissances en fait de marchandises; rien de tout cela n’existe, et c’est une preuve incontestable que je n’ai jamais été son associé. Au surplus, pouvois je empecher le Sr. St. iver, de se servir de mon nom, pour accréditer son commerce puisque j’ignorois sa conduite, non il est impossible à tout homme de prévoir ce qu’il ne connoit pas.

Voice encore un autre assertion que je pose et qu’on ne pourra detruire que très difficillement. Pour contracter une société dans le commerce, il faut qu’il y ait une acte formelle qui constate l’existance de cette même société, l’enregistrement aux consuls, et autres formalités sont d’une nécessité absolue, pour gagner la confiance du publique, et rien de tout cela n’existe. J’offre de le justifier, je ne puis empecher le Sr. st. iver de dire tout ce qu’il lui plait, mais la vérité qui est une et qui se reconnoit toujours pour telle, fera connoître mon innocence. Ce exposé Monsieur, je vous prie de vouloir bien m’etre utile dans la circonstance malheureuse ou je me trouve, de vouloir bien vous interesser à faire connoitre la vérité de mon exposé et de mes moyens de deffenses. Le pouvoir que vous avez en france peut me tirer d’embarras. J’ose esperer que mon innocence sera un sur garant de l’intérest que vous daignerez prendre à mon sort. J’ai tout lieu de croire qu’etant aussi sensible que vous l’etes aux malheurs des autres vous ne vous refuserez pas à me rendre un service d’un zelé protecteur, et je ne me croirai en sureté qu’etant entre vos mains. Je vous prie de vouloir bien encore vous souvenir de moi et croire que ma reconnoissance sera éternelle pour cette nouvelle marque de vos bontés pour moi. Je suis très respectueusement Monsieur Votre tres humble et très obeissant serviteur

J. Schaffer
L’hotel de la force
p.s. I am so indisposed with the feaver that I was oblidged to get a french gentelman to right for me, as I hope you Exelency will not abandon an unfortunate Countreeman. In my situation belive me it will be returned with gratitude as soon as I am at liberty I will go to my Country you may depend upon it.
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