Arnold Henry Dohrman to the American Commissioners (unpublished)
Lisbonne ce 5 May 1778
Messieurs,

Il ÿ a longtems que je souhaitois vous temoigner l’Estime et L’amitié que je professe a votre Patrie, depuis qu’elle a entrepris de soutenir et deffendre les droits plus sacrés de L’humanité; mais Les circonstançes ou je me trouvois ne m’ayant pas permis d’acomplir mes voeux plutôt, ce n’est que depuis peu de Jours que le hazard m’a presente L’occasion, Messieurs, de vous faire connoitre mon attachement. C’est une Chaloupe de New Burn en Caroline nommée Heart of Oak, commandée par Capn. Joseph Shute, equipée et Chargé par les S[ieu]rs Ellis, de Tabac, Stars, Goudron etc. avec 16 hommes d’Equipage, qui a eu le malheur d’echouer sur la côte de Portugal, près la ville d’Aveiro, dont les gens et partie du Chargement se sont sauvé a terre. Aussitôt que j’ai eu Connoissance de ce malheur, j’ai taché de faire chercher L’equipage, pour leur procurer touts les Soulagements possibles, et j’ai eu le plaisir de Retirer dans ma maison deux de ces officiers M[essieu]rs Cogshal et Nutle, attendant de même le cap[itai]ne aussitôt qu’il aura fini de vendre le debris du Naufrage, trois matelots qui sont deja arrivé je Leur fourni tous les Secours convenables a Leur Situation: et Lorsqu’il y aura une Occasion opportune, je Leurs procurerai Le passage pour L’Amerique ou pour La françe, selon les Circonstançes plus favorables à leurs Intentions et a mes desseins. Je tacherai de prêter le meme Secours aux autres personnes de L’equipage, et ai à cet effet envoyé une personne de ma maison a soixante Lieu d’ici pour Les rassembler et les Nourir et Les faire venir ici afin de leur procurer Le même avantage, d’autant plus que ces pauvres gens après Le Naufrage, se sont tout a fait debandé, de peur d’avoir Les debris confisqué et d’etre mis en prison; En attendant je suis penetré de La plus tendre Satisfaction pour cette marque d’amitié que j’ai pû temoigner aux gens de votre Paÿs et ce n’est pas par ostentation Messieurs, que je vous en avance La Nouvelle, mais parceque vous jugiez par le peu que je viens de faire, combien je serois charmé de vous rendre des plus grands Services en toute Occasion, aussi suisje en etât de m’en acquiter de la meilleure maniere, quand il vous plaira de m’employer en quelque chose qui puisse regarder Les Interets de vôtre Patrie: C’est a mon amitié et à mon attachement Messieurs, que vous devez Le devouement que je viens de faire et par cette Raison, je vous assure qu’en toute Circonstançe je serois bien aise d’etre prefere a tout autre pour tout ce qui regardera Les Interets de vos Compatriotes et L’execution de vos ordres. J’espere que votre Sagesse et votre Prudençe réfléchiront au Risque de ma Situation, pour ne pas faire usage de mes dispositions, que quand vous les trouveres opportunes, quoique je comprend fort bien vôtre Langue, je ne scaurois La ecrire et La prudençe ne me conseillant point de me servir d’une seconde personne, en egard a cela j’espere que vôtre bonté voudra bien me disculper de vous ecrire en francais au reste je prie Le Ciel qu’il veuille prosperer vos Intentions et [be]soins, et m’accorder La grâce de vous confirmer Le sincere attachement et Veneration avec Laquelle j’ai l’honneur d’etre, Messieurs, Vôtre très hûmble et très obeiss[an]t serviteur

Arn[ol]d Henry Dohrman

Addressed: M. Caccia banquier rue St. / Martin vis a vis La rue aux ours
Messieurs / Messieurs Benjamin franklin / Giles Dean et Arthur Lee / Ministres Plenipotenciaires des / Etats unis de L’Amerique a La / Cour de sa Majesté très chrétienne / a Paris
Endorsed: Letter from Portugal 5 May 1778
629731 = 026-398a001.html