From — Vigneron and Other Applicants for Emigration
LS: American Philosophical Society
Beauvoir sur mer, Bas Poitou, 4. Juillet 1779.
Monsieur,

La Paix, cette felicité, que les humains, Monsieur Le docteur, vont devoir, aux talens, aux qualités du Coeur et aux hauts sentimens dont le Createur, à bien voulu doüer votre grande ame! Cette paix enfin, longue, par votre ouvrage, heureuse par les liens puissants dont vous allés lier, la naissante amerique, avec les forces des paisibles Bourbons, Jette tous les françois dans un voeu d’Emigration.

Puis-je Monsieur l’ambassadeur, ici prendre la Liberté, de vous ouvrir les sentimens de mon Coeur agé de 35. ans; ayant femme, trois enfans dont deux filles commencent a croitre et un garçon agé de 3. ans; jouissant d’une fortune de prés de 200. mille livres en Esperant a peu près autant? dois je m’occuper d’une Emigration.

L’Edit de Nantes ayant traversé ma famille j’en ignore l’origine, je sçais que sortis de l’anjou, mes parents ont toujours vecu noblement; j’ay entendu parler d’un grand oncle autrefois président au parlement de Paris. Le frère de mon pere, à joui, d’une certaine Réputation, sous le nom du medecin vigneron de la chauvetrie, mon Pere enfin etoit major d’infanterie.

Je désirerois donc Monsieur, le premier printemps sitot la Paix, passer sous vos puissants auspices, dans vos Colonies chaudes, depuis philadelphie Jusqu’a la Caroline, le Croyant salutaire pour la goutte que j’ay du sang. Je demandrois un ascencement de 10. a 12. mille arpens de domaines, peu eloignés d’un port ou Riviere Navigable et d’une ville ou je voudrois faire Résidence, faisant une Expresse demande à Vôtre Excellence, que la terre que je compterois y deffricher fut erigée en Comté de mon nom.

Mon intention seroit, en partant, de vous Remettre Monsieur, mille louis d’or, dont vous voudriés bien me faire compter le surplus, a mon arrivée, de ce qui me reviendroit, le paiement fait de mon ascencement, son erection faitte en comté. Mon plan pris mes logemens preparés, mon intention seroit d’en partir au mois de 7bre. suivant, pour revenir prendre ma famille, des fonds, des cultivateurs, si ce gouvernement le permet, pour m’y fixer, avec toute Liberté de Religion, ainsi que vous l’avés annoncé.

Voila Monsieur l’ambassadeur, mes désirs, vous pressentés, qu’il faut un Eguillon, pour Emigrer les hommes; le mien est pour mes enfans, je souhaitte qu’il puisse convenir aux vües du Congrés, aux grands projets que vous avés formés, et aux grands sentimens que vous avés voüé à l’utilité publique et pour le bonheur des citoiens de l’amerique.

Je Suis avec le Respect le plus profond Monsieur, Votre très humble et trés obeissant serviteur

Vigneron

Monsieur Le Docteur franklin à Paris
Notation: Vigneron 4 Juillet 1779.
632589 = 030-033a.html