From — Longchamps fils (unpublished)
ce 10 fevrier 1784
Monsieur,

Lorsque mon Pere a pris la liberté de vous faire présenter un manuscrit, il avoit pensé que cet ouvrage pouvoit vous être de quelque utilité, c’est la seule raison qui la engagé a le soumettre a vos Lumieres, ne vous êtant bon a rien, je l’ay remis a un des rédacteurs du Journal Militaire qui ma fait esperer quil pourroit l’employer dans son Journal et qu’il me donneroit un louis de chaque feuille en les livrant successivement de mois en mois, a commencer au quinze avril prochain. Quoi que le terme ne soit pas éloigné il l’est encore trop pour nous, la situation affreuse dans laquelle nous nous trouvons nous mettent dans la plus grande perplexité possible; puissiez vous juger par vous même de notre sort quelque désagréable qu’il soit, un léger secours de votre part Monsieur peut le calmer et m’aider a gagner le tems ou des occupations sur lesquelles ie compte me metteront dans le cas de soulager des parents respectables qui souffrent et que ie ne puis sécourir dans ce moment, vous pouvez m’objecter que vous n’etes pas dans l’obligation de sécourir des Inconnus. Le malheureux qui souffre a toujours droit a la commiseration de celui qu’il implore. J’ay eû lhonneur de vous voir quand vous m’avez remis une lettre pour mon pere vôtre présence ma inspiré de la confiance, et je pris la liberté de vous demander une grace, deux ou trois louis que je vous remetterois du fruit de mon travail vers le six avril prochain nous procureroient dans ce moment le plus grand soulagement. J’ose vous supplier Monsieur de ne point mépriser ma demande, ie puis vous répondre que ie me souviendrai tous les moments de ma vie de l’instant ou J’ay eû l’honneur de vous voir et ie vous regarderai comme mon bienfaiteur et celuy de mes parents. Ne le seriez vous que du nouveau monde cela n’est pas possible. Je suis avec veneration et avec le plus profond respect Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur

Longchamps fils

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