From Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Passy 10 aoust 1785

En vous quittant le 27 juillet, mon amy, jay mis a la voile pour le havre ou je suis arrivé le lendemain a deux heures après midi, le reste de vos ballots et ceux de Mr. houdon y étoient, en attendant un jour de plus vous auriez pu les emporter, on profitera de la premiere occasion pour vous les faire parvenir. Lorsqu’on éprouve une grande affliction on ne desire que de se retrouver parmy les siens, et les places de la diligence étant remplies pour 4 jours jay loué une chaise de renvoy, je suis parti le jour même en poste, jay vu et embrassé le lendemain a Rouen Mr. Holker, je me suis arreté encore a St. Germain pour remettre a madame Williams, la lettre de son mary, et dire de vos nouvelles a toute la famille aléxandre, que j’ay trouvé rassemblée, a 7 heures un quart du soir j’étois a Passy, mais qu’il est triste de revoir le chemin par lequel on a reconduit ce qu’on aime! Ma femme commençoit a douter de mon retour, heureusement cependant elle n’avoit pas encore suivi vos conseils, jay revu le lendemain tous nos amis; que de questions, comment se porte til, atil bien supporte la route, jusqu’ou l’avez vous conduit, ou s’est il embarqué, quand atil mis a la voile? Est il commodement? Quand arrivera t il? Quand aurons nous de ses nouvelles etc. etc. Tout le monde pleure vostre depart, ah si vous reveniez vous verriez combien on vous aime!

J’ay trouvé tout le chateau de la muette dans la consternation, il est demeublé, le Roy ny reviendra plus, il a été question de le donner a l’archevêque, mais on dit ce traité rompu, madame filleul est revenue precipitamment de Bourbonne, on ignore quel sera son sort, dans cette circonstance je ne sais si elle prendra le forte piano, j’attendrai qu’il y ait quelque chose d’arrêté a son égard, alors je luy demanderai ses pretentions, si ses moyens ne luy permettoient pas de l’achepter, je le vendrai a quelquautre et je disposerai du prix d’après vos intentions, je differerai cependant jusqu’a ce que j’aye de vos nouvelles.

Adieu, mon cher amy, j’ose croire que vous vous occupez quelquefois de nous en route, pour nous nous parlons de vous sans cesse, les derniers Vents qui ont ete Ouest et violents nous ont beaucoup chagrinés l’homme n’a qu’un petit nombre d’idées principales auxquelles il revient toujours, croyez que celle de vous avoir connu, d’avoir vecu avéc vous, de vous aimer avéc la plus vive affection est la premiere des miennes, et que tout ce qui tient a moy pense de même, ah si vous aviez pu rester avéc nous! Mais les vostres ont le même desir, il est juste qu’ils ayent la preférence et je sens dailleurs qua beaucoup d’égard vous ferez plus de bien a Philadelphie qu’ici, n’oubliez pas cependant que vous m’avez promis de revenir, si vos douleurs augmentoient et vous faisoient presumer qu’il seroit sage davoir recours a l’opération.

Songez aussi au seul moyen d’empêcher que personne ne fasse la vie de monsieur franklin.

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