To Madame Brillon: Letter and Printed Bagatelle (“The Whistle”)
Passy, printed by Benjamin Franklin, April, 1780
Passy, November 10 1779.

I Received my dear Friend’s two Letters, one for Wednesday & one for Saturday. This is again Wednesday. I do not deserve one for to day, because I have not answered the former. But indolent as I am, and averse to Writing, the Fear of having no more of your pleasing Epistles, if I do not contribute to the Correspondance, obliges me to take up my Pen: And as M. B. has kindly sent me Word, that he sets out to-morrow to see you; instead of spending this Wednesday Evening as I have long done its Name-sakes, in your delightful Company, I sit down to spend it in thinking of you, in writing to you, & in reading over & over again your Letters.

I am charm’d with your Description of Paradise, & with your Plan of living there. And I approve much of your Conclusion, that in the mean time we should draw all the Good we can from this World. In my Opinion we might all draw more Good, from it than we do, & suffer less Evil, if we would but take care not to give too much for our Whistles. For to me it seems that most of the unhappy People we meet with, are become so by Neglect of that Caution.

You ask what I mean? —You love Stories, and will excuse my telling you one of my self. When I was a Child of seven Years old, my Friends on a Holiday fill’d my little Pocket with Halfpence. I went directly to a Shop where they sold Toys for Children; and being charm’d with the Sound of a Whistle that I met by the way, in the hands of another Boy, I voluntarily offer’d and gave all my Money for it. When I came home, whistling all over the House, much pleas’d with my Whistle, but disturbing all the Family, my Brothers, Sisters & Cousins, understanding the Bargain I had made, told me I had given four times as much for it as it was worth, put me in mind what good Things I might have bought with the rest of the Money, & laught at me so much for my Folly that I cry’d with Vexation; and the Reflection gave me more Chagrin than the Whistle gave me Pleasure.

This however was afterwards of use to me, the Impression continuing on my Mind; so that often when I was tempted to buy some unnecessary thing, I said to my self, Do not give too much for the Whistle; and I sav’d my Money.

As I grew up, came into the World, and observed the Actions of Men, I thought I met many who gave too much for the Whistle. —When I saw one ambitious of Court Favour, sacrificing his Time in Attendance at Levees, his Repose, his Liberty, his Virtue and perhaps his Friend, to obtain it; I have said to my self, This Man gives too much for his Whistle. —When I saw another fond of Popularity, constantly employing himself in political Bustles, neglecting his own Affairs, and ruining them by that Neglect, He pays, says I, too much for his Whistle. —If I knew a Miser, who gave up every kind of comfortable Living, all the Pleasure of doing Good to others, all the Esteem of his Fellow Citizens, & the Joys of benevolent Friendship, for the sake of Accumulating Wealth, Poor Man, says I, you pay too much for your Whistle. —When I met with a Man of Pleasure, sacrificing every laudable Improvement of his Mind or of his Fortune, to mere corporeal Satisfactions, & ruining his Health in their Pursuit, Mistaken Man, says I, you are providing Pain for your self instead of Pleasure, you pay too much for your Whistle. —If I see one fond of Appearance, of fine Cloaths, fine Houses, fine Furniture, fine Equipages, all above his Fortune, for which he contracts Debts, and ends his Career in a Prison; Alas, says I, he has paid too much for his Whistle. —When I saw a beautiful sweet-temper’d Girl, marry’d to an ill-natured Brute of a Husband; What a Pity, says I, that she should pay so much for a Whistle! —In short, I conceiv’d that great Part of the Miseries of Mankind, were brought upon them by the false Estimates they had made of the Value of Things, and by their giving too much for the Whistle.

Yet I ought to have Charity for these unhappy People, when I consider that with all this Wisdom of which I am boasting, there are certain things in the World so tempting; for Example the Apples of King John, which happily are not to be bought, for if they were put to sale by Auction, I might very easily be led to ruin my self in the Purchase, and find that I had once more given too much for the Whistle.

Adieu, my dearest Friend, and believe me ever yours very sincerely and with unalterable Affection.

A Passy, le 10 Novembre 1779.

J’ai reçu les deux Lettres de ma chere Amie, l’une pour Mercredi, l’autre pour le Sammedi. C’est aujourd’hui encore Mercredi. Je ne mérite pas d’en avoir encore, parce que je n’ai pas fait Réponse aux précédentes. Mais, tout indolent que je suis, & quelque Aversion que j’aie d’écrire, la Crainte de n’avoir plus de vos charmantes Epitres, si je ne contribue aussi ma part pour soutenir la Correspondance, me force de prendre la Plume. Et comme M. B. m’a mandé si obligeamment qu’il part demain matin pour vous voir, moi, au lieu de passer ce Mercredi au soir, comme je l’ai fait si long-temps de ses Prédécesseurs du même Nom, en votre douce Société, je me suis mis à mon Ecritoire, pour le passer à penser à vous, à vous écrire, & à lire & relire ce que vous m’avez si délicieusement écrit.

Je suis charmé de votre Description du Paradis, & de vos Plans pour y vivre. J’approuve aussi très-fortement la Conclusion que vous faites, qu’en attendant il faut tirer de ce bas monde tout le Bien qu’on en peut tirer. A mon Avis il est très-possible pour nous d’en tirer beaucoup plus de Bien, que nous n’en tirons, & d’en souffrir moins de mal, si nous voulions seulement prendre garde de ne donner pas trop pour nos Sifflets. Car il me semble que la plupart des Malheureux qu’on trouve dans le Monde, sont devenus tels par leur Négligence de cette Précaution.

Vous demandez ce que je veux dire? —Vous aimez les Histoires, & vous m’excuserez si je vous en donne qui regarde moi-même. Quand j’étois un Enfant de cinq ou six ans, mes Amis, un Jour de Fête, remplirent ma petite Poche de Sols. J’allai tout de suite à une Boutique où on vendoit des Babioles; mais étant charmé du Son d’un Sifflet, que je rencontrai en Chemin dans les mains d’un autre petit Garçon, je lui offris & donnai volontiers pour cela tout mon Argent. Revenu chez moi, sifflant par toute la Maison, fort content de mon Achat, mais fatiguant les Oreilles de toute la Famille, mes Freres, mes Soeurs, mes Cousines, entendant que j’avois tant donné pour ce mauvais Bruit, me dirent que c’étoit dix fois plus que la Valeur; alors ils me firent penser au Nombre de bonnes Choses, que je pouvois acheter avec le Reste de ma Monnoie, si j’avois été plus prudent; & ils me ridiculiserent tant de ma Follie, que je pleurois de cette Vexation; & la Réflexion me donnoit plus de Chagrin, que le Sifflet de Plaisir.

Cet Accident fut cependant dans la Suite, de quelque Utilité pour moi, l’Impression restant sur mon Ame; de sorte que, tant lorsque j’étois tenté d’acheter quelque chose qui ne m’étoit pas nécessaire, je disois en moi-même, Ne donnons pas trop pour le Sifflet: & j’épargnois mon Argent.

Devenant grand Garçon, entrant dans le Monde & observant les Actions des Hommes, je vis que je rencontrois Nombre de Gens qui donnoient trop pour le Sifflet.

Quand j’ai vu quelqu’un, qui, ambitieux de la Faveur de la Cour, consumoit son Temps en les Assiduités aux Levers; son Repos, sa Liberté, sa Vertu, & peut-être ses vrais Amis, pour obtenir quelque petite Distinction; j’ai dis en moi-même, Cet homme donne trop pour son Sifflet. —Quand j’en ai vu une autre, avide de se rendre populaire, & pour cela s’occupant toujours de Contestations publiques, négligeant ses Affaires particulieres, & les ruinant par cette Négligence; Il paye trop, ai-je dit, pour son Sifflet. —Si j’ai connu un Avare, qui renonçoit à toute Maniere de vivre commodement, à tout le Plaisir de faire le bien aux autres, à toute l’Estime de ses Compatriotes, & à tous les Charmes de l’Amitié, pour avoir un Morçeau de Métal jaune: Pauvre homme, disois-je; vous donnez trop pour votre Sifflet. —Quand j’ai rencontré un Homme de Plaisir, sacrifiant tout louable Perfectionnement de son Ame, & toute Amélioration de son Etat, aux Voluptés du Sens purement corporel, & détruisant sa Santé dans leur Poursuite, Homme trompé, ai-je dit, vous vous procurez des Peines au lieu des Plaisirs; vous payez trop pour votre Sifflet. —Si j’en ai vu un autre, entété de beaux Habillemens, belles Maisons, beaux Meubles, beaux Equipages, toutes au-dessus de sa Fortune, qu’il ne se procuroit qu’en faisant des Dettes, & en allant finir sa Carriere dans une Prison; Hélas! ai-je dit, il a payé trop pour son Sifflet. —Quand j’ai vu une très-belle Fille, d’un Naturel bon & doux, mariée à un Homme féroce & brutal, qui la maltraite continuellement, C’est grande Pitié, ai-je dit, qu’elle ait tant payé pour un Sifflet! —Enfin, j’ai conçu, que la plus grande Partie des Malheurs de l’Espece humaine viennent des Estimations fausses qu’on fait de la Valeur des choses, & de ce qu’on donne trop pour les Sifflets.

Néamoins je sens que je dois avoir de la Charité pour ces Gens malheureux, quand je considere qu’avec toute la Sagesse dont je me vante, il y a certaines Choses dans ce bas Monde si tentantes; par Exemple, les Pommes du Roi Jean, lesquelles heureusement ne sont pas à acheter; car si elles étoient mises à l’Enchere, je pourrois être très-facilement porté à me ruiner par leur Achat, & trouver que j’aurois encore une fois donné trop pour le Sifflet.

Adieu, ma très-chere Amie, croyez-moi toujours le vôtre, bien sincerement, & avec une Affection inaltérable.

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