Depuis six semaines il n’étoit point entré dans ce Port, ni dans les autres qui font le commerce des Isles françoises un seul vaisseau de ce Pays vu l’embargo mis par le ministre de la marine, parce que les navires ne partent de l’amérique qu’étant convoyés. Hier il en est entré un ici venant de la martinique d’où il est parti le 26 9bre, c’est à dire, trois semaines aprés la levée du dit embargo dont l’établissement avoit été fait le 10. 8bre.

Le capitaine de ce batiment rapporte que lors de l’arrivée des ordres du ministre relatifs aux précautions ci dessus, il en étoit résulté la plus grande sensation dans la colonie; que les différentes especes de marchandises avoient sur le champ éprouvé une diminution de prix considérable; qu’un négociant hardi auroit fait dans un instant une grosse fortune, mais qu’à son départ, les choses avoient repris leur cours ordinaire et que tout étoit fort tranquille.

Le dit capitaine ajoute qu’on voit tres fréquemment à St.Pierre de la Martinique des armateurs américains qui amenant des prises, et d’autres Navires de la même nation pour des échanges de denrées; que ces armateurs trouvent continuellement des moyens d’échapper à la vigilance des frégates angloises qui croisent dans ces parages; qu’ils employent suivant les circonstances, avec succès la force et la ruse, et que les commandans anglois se plaignent hautement de l’azile qu’on donne aux Américains.

On va maintenant voir arriver dans les Ports de france, un grand nombre de navires en retour de l’amérique. Il y en a peut être 300. dont les cargaisons peuvant être évaluées chacune à 200000 l.t.. Une chose d’ailleurs inestimable, ce sont les matelots qui les montent.

Les vaisseaux destinés pour la pêche de la morue ont décidément la permission de partir.