From the Comte de Mirabeau: Discours (unpublished)

Discours du Comte de Mirabeau Dans ls Séance de ce matin 11 Juin, sur la Mort de Banjamin Francklin, Imprimé par ordre de l’Assemblée Nationale.

Messiers,

Francklin est mort.…Il est retourné au fein de la Divinité, le génie qui affranchit l’Amérique & versa sur l’Europe des torrens de lumières.

Le Sage que deux Mondes rèclament, l’Homme que se disputent l’Histoire des Sciences & l’Histoire des empires, tenoit, sans doute, un rang élevé dans l’espèce humaine.

Assez long-temps, les Cabinets politiques ont notisié la mort de ceux qui ne furent grands que dans leur éloge funèbre. Assez long-temps l’étiquette des Cours a proclamé des deuils hypocrites.

Les Nations ne doivent porter le deuil que de leurs bienfaiteurs. Les Représentans des Nations ne doivent recommander à leurs hommages que le Héros de l’humanité.

Le Congrés a ordonné, dans les quatorze Etats Confédérés, un deuil de deux mois pour la mort de Francklin, & l’Amérique acquitte, en ce moment, ce tribut de vénération & de reconnoissance pour l’un des pères de sa Constitution.

Nè seroit-il pas digne de vous, Messieurs, de vous unir à cet acte vraiment religieux, de participer à cet hommage rendu à la face de l’Univers, & aux droits de l’Homme, & au Philosophe qui a le plus contribué à en propager la conquête sur toute la terre. L’Amérique eût élevé des Autels à ce puissant génie qui, au profit des humains, embrassant dans sa pensée le ciel & la terre, sut d’ompter la foudre & les Tyrans. L’Europe éclairée & libre doit du moins un témoignage de souvenir & de regrets à l’un des plus grands hommes qui aient jamais servi la philosophie & la liberté.

Je propose qu’il soit décrété que l’Assemblée Nationale portera, pendant trois jours, le deuil de Benjamin Francklin.

Paris, le 11 Juin 1790.

Le Comte de Mirabeau.

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