From — de Laubaréde (unpublished)
ce 6. avril 1784
Monsieur,

Je suis un très vieux et pauvre Gentilhomme jadis Riche, qui a résidé, il y a 38. ans, bien des années à Londres, où je puis avec vérité vous assurer que j’étois bien connû et estimé des Principaux de cette respectable Nation. J’en suis sorti par le Conseil de Mylord Duc de Newcastel alors Ministre et Secrétaire d’Etat, qui me faisoit l’honneur d’être mon ami, et me la prouvé dans une circonstance critique, que j’aurai l’avantage de vous raconter avec d’autres choses intéressantes si vous me le permettez lorsque Dieu m’aura rendu la santé.

Depuis cette Epoque il m’est arrivé des malheurs à l’infini, par les pertes que j’ai faites de sommes considérables par des Banqueroutes de Particuliers que je croyois honnêtes et solvables, et pour surcroit de malheurs la perte de ma santé; etant accablé d’infirmités, paralétique de tout le côté gauche depuis 6. ans, presqu’aveugle, souvent malade et depuis 4. mois dangereusement, manquant de tout le plus absolu nécessaire pour l’existence, ce qui me force d’implorer le secours de Personnes distingués par leur naissance, Leurs vertus et leur bienfaisance. Comme je sais, Monsieur, que vous mérités le 1er Rang parmi Elles, je crois fermément que vous me ferai la grace de me prêter et envoyer par quelqu’un de votre confiance le secours que vous jugerés a propos, digne de votre Belle âme et de votre bon coeur généreux et compatissant pour alléger mes peines et mes souffrances inexprimables. Vous ferés, Monsieur, une bonne oeuvre agréable à Dieu que je continuerai toujours de prier pour votre conservation en Bonne santé et prospérité, ainsi que pour la prospérité des 13. Etats unis dont vous êtes le très digne et très respectable Ministre auprès des principales Cours de l’Europe que par votre mérite et vos talens supérieurs avés engagées à prêter des secours et a être les Illustres alliées de vos Etats pour lesquels je fais depuis bien des années des voeux les plus ardents pour le succès de leurs désirs dont j’ai vû avec joye l’accomplissement qu’ils vous doivent, et une eternelle et très éclatante reconnoissance.

Comme depuis bien des mois je ne vois Personne, je ne suis pas bien instruit de vos Titres et qualités, je vous prie de me pardonner si je ne les mets pas sur l’adresse de la présente, que je vous prie de recevoir avec bonté, et me faire la grace de m’y répondre et celle de m’accorder la demande que je vous fais par icelle dont ma reconnoissance sera infinie.

C’est avec tous ces sentimens et ceux les plus distingués et respectueux que j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur

de Laubaréde
demeurant la 1ere Porte cochère entrant par
le faubourg Montmartre au 2eme sur le derrière
Endorsed: Laubarede M. De, Paris 16 [sic] avril 1784.
641084 = 041-u489.html