From — Pléville Le Pelley (unpublished)
Marseille Le 15 Xbre. 1783
Monseigneur

Pendant le cours de la derniere guerre, je me suis fait un devoir d’être utile aux gens de votre Nation disgratiée, en leur procurant des retours les plus prompts chés eux, et les assistant provisoirement: je ne suivois que mon coeur et je me felicitois. La Paix en ramene encore beaucoup qui se retirent du Levant, d’italie, etc.; ma fortune ne me permettant pas de suivre mon Penchant, je les regarde comme françois, et en cette qualité (a l’exclusion des etrangers) je leur fais gagner des journées a bord des batimens de commerce, jusqu’a ce que je puisse leur procurer retour en leur patrie. Un consul ameriquain en ce port leur serait fort utile et obvieroit a bien des choses.

Lors de la Paix, j’avais eu l’honneur de vous ecrire, et de vous demander cette place pour le Sr. Luc Laugier mon gendre, vivant avec moy: je reïtere la demande de cette grace, et vous assure sur mon honneur que vous ne vous repentirés pas de cette protection. Je servis en 1778 sur le Vaisseau Le Languedoc sou s les yeux et les ordres de Monsieur Le Comte d’Estaing: j’etois adjoint a l’intendant de son armée a Boston; lorsque pour mettre la Paix entre les ameriquains et nos soldats je fus assommé par la populace avec le chevalier de St. Sauveur qui, trepahé, perit.

Si vous m’octroyés ma demande, Monseigneur, vous ferés un acte digne de votre ame; ma famille consiste de deux filles, dont une mariée audit S. Luc Laugier; l’autre fille encore: toutes deux sans biens, puisqu’elles et moy vivent de mon traittement. J’avois un fils de la plus haute esperance (d’après le dire de la Marine) il etoit avec moy sur le Languedoc; il en debarqua a Boston, et fut Lieutenant sur la corvette Le Stanley; pris et conduit en Angleterre, les Ministres le comblèrent d’honneteté, en memoire de ce qu’en 1770 j’avois sauvé leur fregatte l’alarme et son equipage pour quoy la nation angloise me fit un don superbe: mon fils fut libre, vint s’embarquer avec Mr. D’orvilliers: il a fait depuis toute la guerre en qualité d’enseigne. La Paix me le ramene a toulon, j’ouvre mes bras pour l’embrasser, la maladie de l’escadre me l’enleve en sept jours, helas!

Je suis avec respect Monseigneur Votre tres humble et tres obeissant serviteur

Pleville Lepelley
Capitaine de Vaisseau de Port (?),
commandant la Marine en absence
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