From — Pierrard (unpublished)
Strasbourge le 29e Mars 1784.
Monsieur

Agréez, je vous prie, que j’aie l’honneur de m’adresser à vous pour une affaire qui intéresse quelques uns de vos concitoyens. La note, que vous trouverez en suite de cette lettre, vous fera connoitre de quoi il s’agit. Il y a sept mois passés qu’ayant déja eû l’honneur d’écrire à ce sujet à M. Gerard, alors à paris, il voulut bien me marquer qu’il en avoit parlé au Vice consul de france à philadelphie, qui étoit précisément sur son départ, et qui avoit eû la bonté de se charger de recueuillir les Eclaircissements désirés: mais je commence à craindre que la note, qui lui avoit été remise, ne se soit perdue, ou que ses affaires ne lui permettent point de penser à celle-ci. Dans cette appréhension, Monsieur, et obligé par Etât de faire tout ce qui peut dépendre de moi pour certiorer(?) la justice de l’Existence ou de la mort des personnes dont il est question, j’ai cru ne pouvoir mieux remplir mon devoir à cet égard, qu’en y intéressant votre zele: et j’ose espérer, Monsieur, que Vous ne désapprouverez point la liberté que je prens. La chose n’est point, à la vérité, d’une conséquence extrême; mais elle ne laisse pas d’être assez importante pour ceux qu’elle regarde.

J’ai l’honneur d’être avec tous les Sentiments d’une considération très distinguée, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur

pierrard
avocat en parlement et Curateur en titre
pour les absents.
Comme il convient que je prouve mes démarches et diligences; Vous voudrez bien, Monsieur, avoir la complaisance de m’honorer d’une Réponse.
Note
Il importe pour la décision d’un procès intenté au Bailliage Royal de fénétrange, en Lorraine allemande, d’être légalement et authentiquement certioré si les nommés Jean philippe, Laurent, Marguerite, Anne Marie et Sara pierson, tous freres et soeurs, Enfants de défunts henri pierson et Elisabeth Schweitzer, du village de schalback, dans la Baronnie de fénétrange, vulg. finstingen (lesquels cinq Enfants, pour la plûpart alors encore mineurs de vingt cinq ans, ont quitté leur patrie avec d’autres Emigrants, pour aller s’établir dans la pensylvanie, il y a trente ans ou environ) sont encore vivants, ou s’ils ont laissé des Enfants ou petits-Enfants, actuellement existants, qui les représentent. Il est même de l’intérêt de ces personnes, ou de leurs héritiers de se faire connoitre, ce certifiant, puisqu’ils sont aujourdhui admis à recueuillir les successions, qui peuvent leur écheoir dans le Royaume. Les dérnières nouvelles que leurs parents ont reçues d’Eux par une Lettre datée de schippack, du 10e 9bre 1760, et signée Jean Schmitt et Marguerite pierson sa femme, Dietrich Walcker et Sara pierson sa femme, leur apprenoient que ceux-ci avoient alors leur domicile dans les lieux de perkyamen et schippach, dans le Comté de philadelphie, à huit lieues de la Ville de ce nom; et que les autres étoient fixés à Nockomixon dans le Comté de Bucks. Il paroit par la même Lettre que le nom de famille pierson, a été altéré et changé en celui de Birson, suivant l’idiôme du pays.
641055 = 041-u460.html