3e.[-14] fevr. 1777
Depuis mes deux Lettres de la fin de Dec. et du 21e. Janvr.,
dans la dernière desquelles je vous ai rendu compte des lettres
reçues du commis de la Maison que vous savez, et de ma présentation
au Facteur, j’en ai reçu une autre du premier, dont
voici copie.
La haie 21e. Janvr. 1777
“J’ai l’honneur de vous informer que je partirai demain, &c.”
Le 30e. Janvr. je reçus la lettre de Mr. Carm[ichael] du Havre
le 21e. Janvr. Indépendamment du grand plaisir que m’a causé
sa lettre en me donnant de ses nouvelles, j’ai été bien aise de
profiter de cette occasion pour entamer la correspondance avec
—— et j’écrivis à ce sujet la Lettre suivante 1er fevr. “Enfin il
y a eu &c.”
A cette Lettre j’en joignis une pour Mr. le Commis comme
suit “1r fevr. Quoique je m’attendisse &c.”
14e. fevr. 1777.
Ce qui précede étoit écrit, Messieurs, lorsque le paquet dont
vous m’avez favorisé en date du 28e. Janv. me parvint le 4e.
de ce mois. Il est superflu de dire combien il m’a fait plaisir. Je
me mis tout de suite à copier et traduire celle de Mr. Lee, et je
l’envoyai au Grand Facteur avec la lettre suivante: 6e. fev.
“Dans l’esperance &c.”
Le surlendemain, Samedi matin 8e. j’allai à Lahaie. En passant,
je donnai moi-même au portier du grand facteur un paquet
contenant copie et traduction des 3 Lettres de Mr. Franklin,
des ler. Octob. 23 Dec. 28e. Janv. dernier, comme aussi de
celle du Comm. de la Corresp. Secrète du 24e. Octob. dernier
avec une autre de moi, dont je n’ai pas gardé copie, où je
marquai que j’étois prêt à montrer les originaux de toutes, et
notamment de celle du Committé. Rendu de là chez moi, j’y
trouvai la réponse du G.F. à mes deux précédentes, dont voici
copie:
“J’ai reçu, M. les deux Lettres &c.”
Une heure après, l’un des Secretaires du Gr. Fr. vint me dire
de sa part qu’il m’attendoit à 5 h. du soir. J’y fus reçu fort
gracieusement. Il commença par me dire, qu’il m’étoit bien
obligé, comme particulier, qui prenoit un intérêt de Spectateur
à ce qui se passoit en Am. de lui communiquer ainsi les Lettres
de mes amis, et qu’il me prioit très fort de continuer en ce
sens: que si Mr. le Dr. Fr. étoit envoyé avec caractere pour
traiter avec la France (ce qu’il ignoroit, et devoit ignorer), cela
se passeroit sans doute entre Lui et le Ministere; par conséquent
il ne pouvoit s’en mêler ici &c. Il n’en examina pas
moins avidement les Lettres, surtout celle du Committé.
Quoiqu’il me fit entendre qu’il n’envoyoit rien de ce que je lui
communiquois, je sai à quoi m’en tenir. Je dois même être plus
circonspect à présent que ci-devant: car j’écrivois plus familierement
au prédécesseur, sachant qu’il corrigeroit dans ses
extraits comme je l’en avois prié ce que le zele me faisoit
quelquefois dire de trop, au lieu qu’à présent je sai que tout
seroit envoyé tel quel. Nous causames ensemble pendant une
heure.
C’est à vous, Messieurs, à juger de l’utilité dont la continuation
de cette liaison pourra être aux Etats Unis. Pour qu’elle
puisse subsister, il faut que j’aie souvent des Lettres à communiquer.
Les vôtres ne peuvent servir à ce but, ce me semble,
qu’au cas que vous voulussiez faire parvenir indirectement
quelque notion que vous ne vous soucieriez pas de dire directement;
mais en ce cas je devrai toujours vous nommer,
comme m’écrivant, ces choses par maniere de confidence. Il
faudroit qu’il y eût à Londres quelqu’un de vos amis, qui pût
m’écrire de temps en temps ce qui s’y passe derrière le rideau
mieux qu’on ne peut le savoir par la Gazette: en ce cas il seroit
bon que vous me missiez en liaison avec lui, en lui marquant
de mettre sur ses Lettres pour Mr. Delpueche et de les fermer
dans un couvert à l’adresse de Mr. Alexandre Herman Marchand
de Vin au Schotjen Dyk Rotterdam; et de me donner aussi son
adresse à Londres, si bien que nos Lettres parviennent surement.
Paris à Mrs. S.D. & B.F.