From the Mayor of Paris: Address in Memory of Benjamin
Franklin (unpublished)
[presented as frontispiece:]
Il n’est plus…ce Philanthrope dont l’Assemblée Nationale a
porté le deuil et dont vous avés depuis fait prononcer l’éloge par
l’un des plus beaux génie du siécle.
Il faut lever les yeux, il n’est plus sur la terre et la
Divinité l’a Frapé pour l’appeller à elle, ce philosophe simple et
sensible que les beaux arts veulent à l’envie faire revivre.
Parmi ces arts consolateurs il en est un, le plus modeste, qui,
comme l’humble violette, veut surmonter la toufe d’herbe qui le
cache pour présenter à vos yeux le nom de Benjamin Franklin; sûr,
que vous daignerés, Messieurs, agréer son hommage, par ce qu’il
offre une espece de mausolée où ce nom sonore et chéri se trouve
empreint.
Des larmes l’entourent, symboles de nos regrets; mais le plus
grand, le plus durable d’entre eux, ne peut s’y voir et pourroit
s’exprimer ainsi.
Que n’a-t’il pu désarmer la mort, comme il a su désarmer la
foudre et les tyrans, cet homme que l’Eternel a dit, à la Nature
et à la philosophie, vous l’accorderés aux premiers voeux du 18e.
siecle!
Que n’a-t’il pu, du moins, la désarmer pour lui, pour Les
Représentans de la Nation française et pour ceux qui, comme vous,
Messieurs, peuvent ceindre leur fronts des couronnés du Civisme,
du courage et du génie!
Je suis avec un profond respect, Messieurs, Votre très humble et
très obéissant Serviteur
Ce qui doit engager à juger avec quelqu’indulgence le travail de
l’Artiste, c’est qu’il l’a entrepris dans sa 56e année et qu’il
est obligé de secourir sa vue affoiblié par plus de 40 ans de
travaux. En 1750, il donnoit des avis sur l’écriture à M Micault
de Courbeton, qui demeuroit alors rue des Tournelles, hôtel de
Melun, près la maison qu’avoit occupée la célèbre Ninon de
Lenclos.
C’est cette même indulgence qu’il reclame surtout pour la partie
du dessin en prenant la liberté de prévenir qu’il n’a jamais reçu
de leçon de cet Art, qu’il a même refusé d’en prendre, pour ne pas
contrarier ses études qui tendoient à rendre L’Ecriture mere d’un
dessin qui lui fut analogue, et qui dans ses compositions put
fréquemment présenter des déliés en opposition à des pleins
gradués; effets larges et vifs de la plume à traits dont le bec
élastique est long, ductile et fendu.
Sur un socle de marbre blanc à paneau en marbre noir sur le quel
sont inscrits ces mots: Levés les yeux il n’est plus sur la terre:
on voit le globe de l’Amérique et celui de l’Europe rattachés par
des festons de coeurs ardents Ceux de ses amis et de ses
Admirateurs: ces deux globes (exprimant ainsi l’une des belles
pensées de la motion de M de Mirabeau l’aîné) (Sa Gloire a l’un de
ses pieds dans l’Amèrique et l’autre dans l’Europe) portent une
pyramide aussi en marbre blanc bandée en marbre noir à larmes
d’argent.
Cette pyramide, à la quelle les deux festons dont on vient de
parler, paroîssent rattachés, est terminée par l’emblême de
l’Eternité que l’on sait être un serpent qui décrit un cercle en
mordant sa queue; au milieu de ce cercle et sur un fond d’azur
paroît le monograme de Benjamin Franklin sous la couronne, symbole
de l’immortalité.
L’obélisque est surmonté par le Jehova Ou le nom de Dieu dans sa
gloire dont un des rayons vient frapper à la droite ce philosophe
représenté par un tournesol dont la fleur se sépare de la tige, ce
qui motive ces mots: Je le frappe pour l’appeller à moi Que semble
dise l’Eternel.
Le rayon parallele pese, mais sans le frapper sur le trounesol
qui est à gauche, le quel indique en se courbant la résignation du
fils de ce vertueux mortel, aussi représenté par un héliotrope.
Des reffends de la banderolle, qui termine la partie superieure
de ce tableau, descendent des branches de cyprès qui entourent et
retiennent de chaque côté trois médaillons chargés d’inscriptions.
Audessous des médaillons à droite est le profil d’un indigène
dans la suprise du coup qu’il voit frapper, à gauche celui d’une
Femme dans l’intention de représenter l’Amerique en pleurs qui le
redemande à son fils en lui montrant le sein qui l’a nourri.
Un enroulement adossé au coté droit du socle offre une ove ou se
trouve placée la dédicace de ce tableau écrit.
Cette ove ou médaillon porte et partage avec le socle une
couronne de gloire, voulant désigner ainsi l’hommage que la
Capitale, dans ses jours de triomphes, par les soins de Sa
Municipalité et par l’organe de son Orateur s’est empressée de
rendre à ce Grand homme, qui est doublement représenté de ce même
côté par un Flambeau qui vient de s’éteindre et dont la Flamme
retourne vers son principe, tandis que la vapeur, figurant sa
renommée, s’épanche vers la terre.
L’enroulement parallele offre le sceau ou l’écu de la Ville de
Paris, qui, comme Reine des Cités porte une couronne murale garnie
de ses tours: Du milieu de cette couronne S’eleve une rose, reine
des fleurs symbolisant ainsi la Capitale reine des Cités. Cette
rose se courbe en signe de vénèration vers l’obelisque sur le
marbre blanc du quel, on lit ces mots:
Plus bas et séparé par deux branches de cyprès se trouve placé ce
vers:
L’artiste en présentant aux yeux le nom d’un homme vertueux et
d’un puissant génie, d’un homme dont la vie et la mémoire sont
pures et transparentes a cru devoir éviter de l’entourer d’idées
tristes et de donner à l’ensemble de ce tableau un effet trop
lugubre./.