From the Comtesse de Golowkin
al: American Philosophical Society
rue Roÿalle, butte st. Roch, maison de Mr. Sorin. [1780]

Il y auras demain huit jours, mon cher Papa, que j'ai quittè Passy, et depuis ce moment, je n'ai cessé de penser à vous, avec tendresse et regrets; vous ne trouverès pas mauvais j'espere, si je cherche à me dèdommager de mon èloignement, en vous demandant de vos nouvelles. Je me flatte que cette vilaine goutte vous laisse en repos. Elle doit être contente, vous lui faites assès de sacrifices. Pour moi j'ai attrapè dans ma chambre au coin de mon feu un gros rhume après lequel j'ai couru inutilement à la Campagne; je tâcherai de m'en dèbarasser au plutôt, pour vous aller voir, si je trouvois des occasions j'irais plus souvant; en attendant ne m'ou-bliès pas, mon cher Papa, et si vous venès à Paris, souvenès vous de ce que vous m'avès promis. Je ne vous donne pas de nouvelles, vous les avès de la première main d'ailleurs je crois qu'il n'y en à pas. J'ai vû il y a quelques jours, un homme qui arrivoit de Bas-sora; Parent de J.J. Rousseau, fort instruit, parlant bien toutes les langues, il n'a que 41 ans, et c'est ètonnant combien il à voÿagè. J'ai pensè en le voÿant à l'habillement chinois; je lui ai comptè quatre juppons; un rose, un brun, un jaune, et un couleur de feu, et surement il y en avoit encore d'autres dessous; son bonnet n'est pas moins extraordinaire; et la moustache qu'il ne faut pas oublier. Bonsoir, mon cher et bon Papa, voici l'heure ou je vous chan-tois Dieu d'amour. J'aimerai encore davantage ce joli air, s'il peut me rappeller dans votre souvenir; aimès moi toujour un peu, je vous aime tendrement, et vous embrasse de même. Milles choses je vous prie à Monsieur votre petit fils—

Addressed: à Monsieur / Monsieur Le Docteur Francklin / à Passy
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